Un Pas Historique vers le Désenclavement : La Centrafrique Lance le Projet Ferroviaire Bangui-Kribi
Bangui, 9 novembre 2025 – Dans un contexte de modernisation accélérée des infrastructures, la République centrafricaine (RCA) vient de franchir une étape décisive avec le lancement officiel du projet de chemin de fer reliant la capitale Bangui au port camerounais de Kribi. Ce samedi 1er novembre 2025, le président Faustin-Archange Touadéra a posé la première pierre du siège de la société britannique Trans African Railway Systems LTD (TARS), marquant le début concret d’un corridor ferroviaire ambitieux de 1 400 kilomètres. Annoncé il y a quatorze ans, ce projet, fruit d’une visite récente du chef de l’État au Royaume-Uni, suscite à la fois enthousiasme et interrogations.
Un Contexte de Longue Date : De l’Annonce à la Matérialisation
L’idée d’un chemin de fer transfrontalier entre la RCA et le Cameroun remonte à 2011, lorsque les deux pays ont signé un accord pour développer une ligne reliant Bangui à Kribi, un port en eau profonde stratégique pour l’exportation de minerais. Ce corridor vise principalement à désenclaver la RCA, pays sans accès à la mer, en facilitant l’acheminement de ses ressources naturelles – comme le fer, l’or et les diamants – vers les marchés internationaux. Selon le site officiel de TARS, ce “projet phare” pourrait transformer l’économie centrafricaine en boostant les échanges commerciaux et en intégrant la région à des réseaux régionaux plus larges.
La genèse récente du projet est liée à la diplomatie économique du président Touadéra. Sa visite au Royaume-Uni en octobre 2025 a permis la conclusion d’un partenariat public-privé avec TARS, une entreprise spécialisée dans les infrastructures ferroviaires africaines. Ce partenariat s’inscrit dans une vision plus large de diversification des alliances, au-delà des partenaires traditionnels comme la France ou la Chine, pour attirer des investissements britanniques dans un secteur clé : les transports.
La Cérémonie de Lancement : Un Événement Symbolique
La pose de la première pierre a eu lieu au village de Pani, à 30 km de Bangui sur la route de Boali (PK30), en présence de hautes personnalités centrafricaines, dont le directeur général de la Police nationale, Bienvenu Zokoué. Le président Touadéra, vêtu d’un costume sombre et d’un casque de chantier, a symboliquement déposé la pierre, déclarant que ce geste “ouvre une ère nouvelle de connectivité et de prospérité pour la Centrafrique”. Des discours ont souligné l’engagement du gouvernement à moderniser les infrastructures, malgré les défis sécuritaires persistants dans le pays.
La cérémonie, retransmise en direct sur les réseaux sociaux, a mobilisé une foule d’officiels, d’entrepreneurs et de représentants communautaires. Des images partagées sur X (anciennement Twitter) montrent un site bouillonnant d’activité, avec des engins de chantier et des banderoles vantant “l’avenir ferroviaire de la RCA”. Plusieurs médias locaux, comme Alwihda Info et Vision4 Tv, ont salué cet événement comme un “pas décisif” pour l’intégration économique sous-régionale.
Les Enjeux Économiques et Régionaux : Un Levier de Croissance Partagée
Au-delà du symbole, ce projet ferroviaire promet des retombées concrètes. Il devrait créer des milliers d’emplois directs et indirects, stimuler l’exploitation minière dans l’est de la RCA et réduire les coûts logistiques, actuellement prohibitifs via les routes terrestres ou fluviales. Le port de Kribi, déjà hub pour l’exportation camerounaise, deviendrait une porte d’entrée vitale pour les biens centrafricains, favorisant les échanges avec l’Afrique de l’Ouest et au-delà.
Des institutions financières régionales, comme la Banque de Développement des États de l’Afrique Centrale (BDEAC), ont exprimé leur soutien, voyant dans ce corridor un “vecteur de stabilité et de croissance partagée”. Sur le plan géopolitique, il renforce les liens Cameroun-RCA, deux pays frontaliers confrontés à des défis sécuritaires communs, et s’aligne sur l’Agenda 2063 de l’Union africaine pour des infrastructures intégrées.
Perspectives : Vers une Réalisation Concrète ?
À huit jours de l’événement, les travaux de construction du siège de TARS ont déjà débuté, avec un calendrier prévoyant l’achèvement des premiers tronçons d’ici 2028. Ce lancement intervient dans un contexte de reprise économique post-conflit en RCA, où les infrastructures restent un talon d’Achille. Si le projet Bangui-Kribi voit le jour, il pourrait non seulement booster le PIB centrafricain de plusieurs points, mais aussi symboliser une Afrique plus connectée et autonome.
Reste à suivre si cet élan diplomatique et financier se traduira en rails posés. Pour l’heure, la pose de cette première pierre sonne comme un espoir tangible pour un pays en quête de stabilité et de développement.
Sources : Basé sur des rapports de presse récents et des annonces officielles. Pour plus de détails, consultez les sites de TARS et des médias cités.